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Elections américaines : Résultat et impact sur les marchés

 L’une des élections présidentielles les plus atypiques qu’aient connus les Etats-Unis a rendu son verdict. La Maison Blanche sera désormais dirigée par Donald Trump et le Congrès restera sous la férule des Républicains. Ce scénario, plutôt non-anticipé par les investisseurs, constitue un véritable coup de tonnerre qui risque d’avoir un effet similaire à celui que l’on a connu après l’annonce du « Brexit ». Un mouvement de défiance envers les actions qui pourrait se répéter à court terme et s’accompagner d’une fuite vers les actifs considérés comme des refuges en période d’instabilité boursière, comme les emprunts d’Etat les plus sûrs, les métaux précieux, ou le yen.

Parmi les actions américaines les plus susceptibles d’être déstabilisées, du moins dans un premier temps, par la défaite d’Hillary Clinton, on songe, en particulier, à celles des secteurs considérés comme cycliques (les biens de consommation, l’automobile, ou le transport). Le protectionnisme affiché par Donald Trump tout au long de la campagne ne devrait, en effet, pas leur être favorable.

A contrario, les infrastructures devraient être tirées vers le haut, le nouveau président ayant fait état d’un ambitieux programme de dépenses publiques dans le secteur. Autres gagnants potentiels, la pharmacie, les banques et les assurances se sentiront probablement soulagées par la défaite d’Hillary Clinton qui avait annoncé un encadrement plus strict dans la formation des prix des médicaments ainsi qu’une régulation et une fiscalité plus dures à l’égard du secteur financier. Un soulagement que devraient partager les sociétés pétrolières et gazières, Donald Trump étant moins attaché qu’Hillary Clinton au combat contre les effets induits par les changements climatiques. Enfin, les mines de métaux précieux pourraient, elles aussi, profiter de la probable appréciation des cours de l’or et de l’argent.

L’analyse

L’instabilité financière pourrait, toutefois, assez vite se résorber, à l’instar de ce que l’on a connu après le Brexit. En outre, on sait que Donald Trump entend baisser la fiscalité et augmenter les dépenses publiques. Une perspective qui, in fine, devrait davantage bénéficier aux actions qu’aux obligations. L’hypothèse d’une croissance et d’une inflation plus fortes devrait, en effet, inciter Wall Street à revoir à la hausse ses attentes en matière de taux d’intérêt et pousser la Réserve fédérale à poursuivre son processus de relèvement graduel des taux directeurs.

Dans un horizon à moyen/long terme, les actions devront toutefois composer avec deux défis majeurs qui ne sont sans doute pas encore totalement intégrés dans les cours boursiers : la monté du protectionnisme et du nationalisme dans de nombreuses parties du globe et des politiques monétaires qui ne vont pas pouvoir éternellement anesthésier la volatilité sur les marchés financiers. Une incertitude qui explique pourquoi nous restons plutôt prudents vis-à-vis des actifs à risque, a fortiori lorsque l’on sait que la question du « Brexit » n’est toujours pas réglée et qu’un référendum délicat est prévu en Italie le 4 décembre prochain.

Extrait de l’analyse de Thierry Masset, Chief Investment Officer, Groupe ING